Vue aérienne du site en puzzle
Patrimoine

Le « nouveau » château de Coubert

Partie II – Le château XIXème

Nous avons vu dans l’article précédent l’évolution du bâti sur la propriété du château de Coubert jusqu’à la fin du XIXème siècle. Qui sont les personnes qui habitaient au château au XIXème siècle?

Pour se resituer, voici le plan de cadastre de 1841, lorsque la propriété appartenait à la famille RIGAUD.

Dans la matrice cadastrale correspondant à ce plan, les différentes parties du domaine sont précisées . Le vieux château n’était probablement  plus habitable depuis les destructions de 1799 à 1820 (vente de biens nationaux). La famille RIGAUD habiterait dans les corps de bâtiments servant précédemment d’écuries et pavillon de chasse, ainsi que les corps de ferme.

Pavillon de chasse – Collection personnelle

Ferme – Archives départementales de Seine-et-Marne  – Cotes 2FI1371 et  2FI1372

En 1851, Basile Joseph PARENT est le nouveau propriétaire du château. Il le lègue ensuite à sa fille Joséphine. Le 16 juillet 1853, à Coubert, Joséphine épouse Adrien Louis LEBEUF, qui réside alors au château de Montgermont, situé sur la commune de Pringy (Seine-et-Marne), à 30 km au sud de Coubert.

Adrien Louis LEBEUF était manufacturier en faïence, et maire de Montereau (Seine-et-Marne) de 1853 à 1876. Il est décédé le 19 juin 1876 à Paris 1er.

LES RECENSEMENTS DE POPULATION (cliquer ici pour développer le paragraphe)

Les recensements de population sont apparus en France à la Révolution. Ils ont été organisés tous les cinq ans. Quelques années en temps de guerre sont manquantes (1916 et 1941) ou déplacée (1872 au lieu 1871). A partir de 1946, les recensements n’ont plus été fait de façon régulière.

Des listes nominatives sont établies par commune. On peut connaître ainsi la composition des foyers, les métiers, les nationalités, les patrons.

A Coubert, les années de recensements, consultables en ligne sur le site des archives départementales de Seine-et-Marne sont : 1836, 1846 puis tous les cinq ans, 1872, 1876 puis à nouveau tous les cinq ans (sauf exceptions des guerres) jusqu’à 1936.

Recensement de population de 1876

Au recensement de population à Coubert en 1876, Marie Joséphine Clotilde PARENT, veuve d’Adrien Louis LEBEUF, habite au château. Elle est née à Malines en Belgique, et est devenue française par son mariage.

Recensement de 1876 – Archives départementales de Seine-et-Marne  – Cote 10M294

Joséphine est alors âgée de quarante-et-un ans et vit au château avec son fils Georges, vingt-deux ans, et sa fille Jeanne, seize ans. Ils sont tous les deux nés à Paris.

Elle a à son service, un cuisinier, un maître d’hôtel, quatre domestiques et un palefrenier.

Recensement de population de 1881

Au recensement de 1881, sa fille n’habite plus au château. Son fils Georges LEBEUF de MONTGERMONT, alors âgé de vingt-huit ans vit avec elle et son épouse Alice de VILLENEUVE-GUIBERT, vingt-et-un ans. Ils se sont mariés le 16 juillet 1881 à Paris 8ème arrondissement.

Ils ont huit domestiques à leur service.

Recensement de 1881 – Archives départementales de Seine-et-Marne  – Cote 10M294

Dans d’autres maisons du domaine logent : le régisseur (personne qui gère la propriété), le jardinier, le garde (il surveille le domaine), le berger, le concierge et leurs familles.

Recensement de population de 1891

Dix ans plus tard,  au recensement du 14 mai 1891, le château compte six ménages, vingt-quatre personnes dont une de nationalité étrangère.

Composition des six ménages (cliquer ici pour voir le recensement)

1- Antoine DALMON cinquante-sept ans est régisseur, il vit dans la même maison avec cinq domestiques dont un vacher : Théophile RIEBEN, de nationalité suisse.

2-Auguste LEROY, cinquante-huit ans est jardinier. Il vit avec sa femme Pauline HERVÉ, cinquante-quatre ans et trois ouvriers.

3- Jules DUBOIS, quarante-deux ans est garde particulier. Il vit avec sa femme Marie PLÉAU et leur fils Jules.

4- François AUXERRE, trente-cinq ans est garde particulier également. Il vit avec sa femme Héloïse LEPAGE, trente-cinq ans et leur deux filles, Lucie et Marthe, neuf et sept ans.

5- Julien LEFÈVRE, quarante-sept ans est berger, il vit avec sa femme Marie CHERTIER, trente-neuf ans et leur fille Julienne, dix-sept ans.

6- Guillaume BLACHET, soixante-deux ans est concierge. Il vit avec sa femme Edmée DIEUPART, quarante-deux ans et leur fille Louise, huit ans.

L’année suivante en 1892, Manuel d’ESCANDON et son frère Pablo, mexicains, achètent le château. Joueurs olympiques de hockey, ils font préparer sur le domaine un terrain réglementaire pour jouer au polo!

1892 est également l’année de l’arrivée du chemin de fer à Coubert. La gare est sur la ligne Paris-Bastille à Marles-en-Brie, appelée « ligne de Vincennes ».

En 1895, le château est mis en vente aux enchères, à Paris.

BNF – 1895-06-09_L’Acclimatation des animaux et des plantes

En 1899, Mme Henri DESMARAIS est la nouvelle propriétaire du domaine.

Elle fait construire un nouveau château  par l’architecte Henri GOURY à l’emplacement de l’avant-cour du château vieux dont les ruines restent en place.

Recensement de population de 1901

En 1901, cinq foyers sont domiciliés au château. Ils travaillent pour le compte de Mme DESMARAIS sous le contrôle régisseur LEFORT.

Recensement du 15 avril 1901 – Archives départementales de Seine-et-Marne – Cote 10M388

Découverte du château

Entrons dans le parc du château. L’entrée principale se situe au Nord du village de Coubert. Deux petits pavillons carrés mansardés encadrent grilles et portail  de fer forgé.

Carte IGN et schéma V. Aveneau

La bibliothèque historique de la ville de Paris conserve un album de photos du château et de ses intérieurs datant de 1899-1900.

Société ouvrière La « Photographie » F. Thuillier – 1899-1900 – Bibliothèque historique de la ville de Paris – Cote 4-ALB-0232

Façade vers allée d’entrée

Voici la façade principale qui s’offre à nous au bout de la longue allée plantée.

Le château est du style éclectique de la fin du XIXème siècle, reprenant le thème des villas néo-normandes avec le pan de bois du second étage et les volumes complexes.

Les matériaux utilisés sont multiples : meulières en soubassement, pierres et briques en élévation, pan de bois. Les styles sont de référence renaissance pour les baies à traverses et meneaux, porte avec linteaux en anse de panier. Ils sont également de référence gothique pour les contreforts d’angle, épis et crêtes de faîtage, frontons de lucarnes trilobés, portes surmontées de gâbles en accolade. Les croisées sont munies de persiennes métalliques. Les descentes d’eaux pluviales sont torsadées.

Cette façade est rapidement complétée par un petit édicule d’angle contre l’avant-corps de gauche. L’auvent à cloche est déplacé dessus.

Puis peu d’années après, vers 1906, les croupes des toitures sont supprimées et un nouveau pavillon avec tour centrale est rajouté contre la façade Est.

Façade Sud Carte postale d’avant 1918 – Collection personnelle
Agrandissement Sud-Est côté ferme – Carte postale environ 1907 – Collection personnelle

Façade Nord vers le vieux château et façade Ouest

Côté parc et vieux château, la façade reprend la même composition générale, avec un corps central et deux ailes en retour. Un porche marque l’entrée du château. Un grand perron permet d’accéder au grand salon.

Façade Nord sur parc – Archives départementales de Seine-et-Marne  – Cote 2FI1390
Façade Ouest, perron et porche – Archives départementales de Seine-et-Marne  – Cote 2FI1375

Nous pouvons constater les mêmes modifications de toitures sur cette façade.

Façade sur parc – Photographie vers 1918  – POP (Plateforme Ouverte du Patrimoine – réf sap40_62t506024_p

Le vieux château

Sur cette photographie issu de l’album de1900, les bases vieux château avec ses douves et les ponts dormants sont bien lisibles.

Château de Coubert – Société ouvrière La « Photographie » F. Thuillier – 1899-1900 – Bibliothèque historique de la ville de Paris Cote 4-ALB-0232

La ferme et la maison du garde chef

Des aménagements sont réalisés dans la ferme au début XXème, avec cette tour servant de château d’eau, et une belle maison du garde chef à l’Est du parc, près d’une entrée secondaire.

Vous comprendrez mon intérêt pour ce site, dont la diversité des éléments architecturaux suscite de nombreuses interrogations. Les vestiges préservés s’assemblent progressivement à la manière d’un puzzle que l’on reconstitue au fil de l’analyse pour retracer le cadre historique de ce lieu.

Frise indicative des différents propriétaires retrouvés dans les recherches.

(Nota : cette frise est une base de travail, elle est non exhaustive et à confirmer avec les prochaines recherches)

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