Patrimoine

L’obélisque de Brunoy

Pyramide ou obélisque?

L’obélisque est utilisé initialement dans l’architecture sacrée de l’Égypte antique. Le plus souvent deux obélisques sont positionnés de part et d’autre de l’entrée principale des temples.

De base carrée comme la pyramide, l’obélisque se distingue par sa hauteur, et le rapport entre sa base et sa hauteur.

Un obélisque est composé de trois parties :

  • un piédestal qui assure l’équilibre de l’ensemble
  • un fût quadrangulaire s’amincissant vers le sommet, ordinairement monolithe.
  • une cassure de la pente au sommet pour obtenir une forme de pyramide appelée le pyramidion.

Emplacement

En empruntant la nationale 6 (partie Ouest de l’ancienne nationale 5), en limite Sud de la commune de Brunoy, l’entrée de ville est marquée par une place dans laquelle est érigé un obélisque posé sur son piédestal.

Avant 1778, cette place était signalée par une modeste croix de pierre, dite « croix de Malesherbes »

Lorsque le frère de Louis XVI, le comte de Provence acquiert le marquisat de Brunoy en 1774, il souhaite marquer l’entrée de son domaine par un monument plus prestigieux.

Il imagine d’abord une pyramide indiquant l’endroit des rendez-vous de chasse de la forêt de Sénart avec la création d’une belle voie accédant à son domaine du château de Brunoy. Mais son projet est ambitieux et trop onéreux pour les caisses du Roi.

Le projet est ainsi réduit à l’édification d’un obélisque. Nous ignorons si Jean-Francois Chalgrin, architecte du comte de Provence a  participé au projet. Les plans ont été signés par les trois intendants généraux : Richard Mique, Michel-Barthélémy Hazon et  Jacques-Germain Soufflot, architecte du Panthéon. Le chantier est réalisé par Berthe, entrepreneur de maçonnerie et achevé en 1779.

Brunoy – Plan d’intendance – Fin XVIIIème siècle – Extrait – Archives départementales de l’Essonne – Cote C1/33

Brunoy – Cadastre napoléonien de 1810 – Section G – Extrait – Archives départementales de l’Essonne – Cote 3P/343

Extrait du devis des travaux établi en 1778

L’obélisque compris son piédestal et ses trois gradins est d’une hauteur totale 47 à 48 pieds de hauteur (15m environ).

La fondation établie sur le bon et solide fond mesure de 6 pieds de profondeur (2m environ). Elle est construite en pierre dure de cliquart de Saint-Maur.

Un emmarchement de trois gradins en pierre dure de Bagneux est mis en place afin de recevoir magistralement le monument.

Le socle, les assises du piédestal et la corniche sont composés en quatre parties.

L’obélisque est construit en huit assises de deux morceaux chacun, croisés les uns sur les autres, les quatorze assises supérieures sont composées d’une seule pierre.

L’obélisque est entouré de seize bornes de pierre le dessin et celui de l’étude finale

Source : «  Brunoy côté jardin, 1722-1795 – Planche XXVIII – A.N. 01 1368  »

Le dessin de l’obélisque est validé le 17 juin 1779 par le comte d’Augiviller, qui a succédé à Marigny dans la direction générale des bâtiments.

La Belle Époque

Faces Nord et Ouest

Faces Ouest et Sud

Collection personnelle V. Aveneau

On peut voir  que l’obélisque sert de support à des affiches publicitaires telles que Jambon Viardot et Bières Callia.

En face Nord, on note la présence d’une plaque de signalisation sur le piédestal indiquant la direction Ouest. On peut lire « n°5 » , pour la route nationale 5 crée en 1824.

En face Ouest, une plaque plus petite est posé en partie inférieure de l’obélisque.

De nombreux grafitis sont gravés dans la pierre. Ils recouvrent le piédestal et jusqu’à la 4ème assise du fût. on peut déchiffrer entre autres les noms : Burlau, Bertrand, Houtarde, Gamot.

Au début du XXème siècle, le carrefour continue à être un lieu de rendez-vous. Des activités festives s’installent autour de la place de l’obélisque :

De tous ces bâtiments, il ne reste aujourd’hui que le Moulin de la Galette qui est devenu le ZEF, lieu associatif.

Cliché V. Aveneau

L’obélisque est classé parmi les Monuments Historiques par arrêté du 29 novembre 1934.

En 1960, la circulation  automobile étant plus dense, l’obélisque situé au milieu de la chaussée est déplacé à quelques mètres plus au Nord de la route nationale, sur une place semi-circulaire bordée d’alignements d’arbres.

Dans les années 1980, deux sculptures de Maurice Prost « Les sangliers » et « Les chevreuils » datant de 1955 sont installées de part et d’autre de l’obélisque. Elles y restent jusqu’en 2003, date à laquelle elles sont déplacées dans le jardin du musée municipal Robert Dubois Corneau.

Carte postale ancienne Place de la Pyramide vers 1980 – Archives départementales de l’Essonne – Cote 57Fi 35/50

Aujourd’hui

Vue Google Earth 2023

Cette vue aérienne permet de visualiser la place de la pyramide de forme semi-circulaire et les rues rayonnantes.

Cliché V. Aveneau

Vue générale depuis l’orée de la forêt de Sénart avec le trafic intense de la N6.

Face Sud

Face Nord

Clichés V. Aveneau

Face Est

Face Ouest

Actuellement, il n’y a que deux gradins d’emmarchement posés sur une dalle.

Seules quatre bornes en pierre de taille sont encore en place, positionnées aux angles.

Le piédestal est un peu plus grand que dans le descriptif de 1778 ci-dessus : il y a deux assises de pierre de taille pour le socle, cinq assises pour le piédestal, et deux assises pour la corniche.

Les grafitis gravés dans la pierre sont très présents sur la partie inférieure du monument.

Cliché V. Aveneau

Une plaque de signalisation est posée sur la face ouest indiquant : vers le Nord, Brunoy à 2 km (le centre-ville), et vers le Sud : Soisy-sous-Étiolles (actuellement Soisy-sur-Seine) à 5 km et Corbeil à 9 km.

Les obélisques

Il est amusant de constater que l’on emploie le terme de « pyramide » pour désigner cette place et ce quartier de Brunoy. C’est une petite consolation pour le comte de Provence  qui n’a pas pu en édifier une !

Le modèle d’obélisque sur son piédestal est souvent utilisé également pour les monuments aux morts, comme à l’ancien cimetière de Brunoy.

Ancien cimetière de Brunoy – Monument aux morts – Cliché V. Aveneau

Sources

Jacques Gaucher – La pyramide de Brunoy – Le Monmartel n°10 et site SAHAVY sahavy.free.fr

Brunoy côté jardin 1722 1795 – Les grandes Eaux –   Philippe Curtat – Editions Les lettres Libres – 1984

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