
Les pardons bretons
Les pardons en Bretagne sont des fêtes religieuses qui se déroulent chaque année. Ils sont organisés initialement à date, fixe dédiée au Saint ou à la Sainte de la paroisse. Ils sont apparus au XVème siècle. Connaissant un essor à partir de la Renaissance, ils perdent peu à peu de leur importance, pour renaître sous leur forme actuelle au XIXème siècle, période de piété importante.
Le terme pardon est issu de la notion de pénitence permettant de recevoir des indulgences le jour dédié au culte d’un saint. Le fait de se rendre à un pardon de manière individuelle ou en groupe processionnaire est un rituel qui rythme la vie locale.
Les pardons s’organisent autour des églises, chapelles ou lieux sacrés.
Déroulement de la fête religieuse
Lors des pardons, le sacré et le profane sont souvent mélangés. Après la messe, les festivités commencent par un pot de l’amitié ou un repas convivial animé de jeux, musique et danse.
Une procession particulière à chaque pardon se déroule ensuite. Certaines vont de l’église jusqu’à un lieu sacré comme une fontaine, un calvaire, un menhir… pour revenir ensuite à l’église. Les processions circulaires dans le sens dextrogyre (sens des aiguilles d’une montre) sont appelées troménies.
Des chants religieux, le plus souvent en breton, accompagnent la procession (cantiques dédiés au saint vénéré, litanies des saints et autres cantiques). La procession est parfois précédée par des musiciens, notamment un couple de sonneurs bombarde-biniou.

Pardon des fleurs d’Ajonc – Pont-Aven – Sonneurs – Archives départementales du Finistère – Cote 21FI_01735
Pendant tout le temps du pardon, les reliques du saint, portées en procession, sont laissées à la vénération des pardonneurs qui touchent ou embrassent le reliquaire en priant. Des grâces particulières sont données à ceux qui effectuent ce geste ancien selon un cérémonial précis. Les bannières sont portées par des laïcs.
Par le passé, être porteur de bannières était un honneur non-négligeable, en particulier pour l’enseigne paroissiale en tête de la procession. Le nombre de porteurs et leur ordre sont planifiés à l’avance. Au retour, selon le rituel de procession, les pardonneurs peuvent être invités à passer sous le reliquaire ou la statue.
Les objets de procession
Plusieurs objets font généralement partie de la procession.
En tête de procession, une croix suivie de bannières, de la statue du saint du lieu, et de son reliquaire éventuel, portés par plusieurs personnes. Un à plusieurs ex-voto, telles des maquettes de bateaux sont parfois intégrés à la procession.

Pardon Sainte-Anne-La Palud – Archives départementales du Finistère – Cote 21FI_0212101
Les bannières de procession sont ornées de figures brodées et pèsent souvent plus de quinze kilos. Elles représentent communément le saint patron de la paroisse sur la face principale et une représentation plus universelle sur l’autre face, telle la Sainte-Marie ou la Trinité.

Pardon Sainte-Anne-La Palud – Archives départementales du Finistère – Cote 21FI_0211201
La journée se termine parfois par un fest-noz ou un feu de joie. L’attrait touristique des pardons est assez important de nos jours.

Pardon Saint-Jean-du-Doigt – Feu de le Saint-Jean – Archives départementales du Finistère – Cote 2FI_251064
L’organisation complexe de la fête est à l’origine de l’expression « c’est la croix et la bannière », qui qualifie la complexité d’une situation.
En mai 2020, les pardons ont été inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France à l’initiative de Bretagne Culture Diversité.
Exemple du pardon de Kerlaz

Localisation de la commune de Kerlaz – Source IGN

Commune de Kerlaz – Localisation des lieux de départ et arrivée du pardon – Source Google Earth
À la sortie du village de Kerlaz, une petite fontaine votive est dédiée à Saint-Germain. Elle a été construite en 1639, en même temps que l’église paroissiale. L’eau, soi-disant miraculeuse, coule et se déverse dans trois petits bassins qui avaient pour but d’éviter la pollution de la fontaine. Ce sont des bassins d’ablutions où les gens se lavaient et où les bêtes venaient s’abreuver.

Kerlaz – Fontaine Saint-Germain – Source Mairie de Kerlaz https://kerlaz.bzh/portfolio/lavoirs-et-fontaines/
Le pardon de Kerlaz relie la fontaine votive de Saint-Germain, bénie avant le départ de la procession, à l’église paroissiale. Il se déroule le dimanche ou le lundi de Pentecôte. Après la procession, des animations diverses sont organisées avec un repas servi le soir. Les bénéfices servent à l’entretien et à la restauration de la chapelle, datée du XVIIIème siècle.

Kerlaz – Arc de triomphe du cimetière. Dans les niches, statues de St Yves et St Germain – Début XXème siècle. – Archives départementales du Finistère – Cote 4FI_00392

Procession du pardon de Kerlaz – Début XXème siècle environ – Archives départementales du Finistère – Cote 2FI090_009

Kerlaz – Chapelle Saint-Germain. Avant 1919 – J. Perdreau. Référence APMH0001672 – © Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP
Vous pouvez découvrir deux autres exemples de pardon dans l’article de Noëline Visse https://www.lignaj.com/le-pardon-breton/


4 commentaires
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daviddescourtieux
« la croix et la bannière », ça vient dont de là! Je ne savais pas, merci pour cette découverte!
En terme de mise en page, je trouve les photos un peu petites. Je voulais cliquer sur les photos du cimetière et de la chapelle Saint Germain pour l’agrandir, mais impossible. Sinon, bravo!
Véronique Aveneau
Merci pour ton commentaire David. J’ai réglé la taille des photos pour la lecture sur mobile. Je vais toutefois essayer de les agrandir sans que ce soit la croix et la bannière😃
Noëline Visse
Bel article que je relis avec le même plaisir 😉
Merci pour le lien 😊