
La vie d’un soldat français de la Seconde Guerre mondiale
Cet article de blog a été rédigé en utilisant une fiche matricule extraite du registre de l’année 1933, consultée sur le site des archives départementales de Seine-et-Marne. Les détails contenus dans ces fiches permettent de retracer une partie de l’histoire d’un soldat, en l’occurrence, dans cet article, celle d’André Anatole MASSON.
André Anatole MASSON naît le samedi 7 juin 1913, à Presles-en-Brie, petite commune d’environ cinq-cents habitants en ce début du XXème siècle, située à vingt-cinq kilomètres au nord de Melun (Seine-et-Marne).

« Le sept juin mil neuf cent treize, sept heures du matin, est né aux Fontaines, hameau de Presles, André Anatole, du sexe masculin, de Lucien Masson, âgé de trente et un ans, cultivateur et de Emilienne Emilie Adam, âgée de vingt et un ans, sans profession, son épouse, domiciliés aux Fontaines.
Dressé par nous, le sept juin mil neuf cent treize, onze heures du matin, sur présentation de l’enfant et déclaration faite par le père.
En présence de Henri Jérôme, aubergiste et Émile Pétillion, boulanger, tous deux domiciliés à Presles, qui, lecture faite, ont signé avec le déclarant et Edmond Dussolle, adjoint au maire de Presles, officier de l’Etat-civil en l’absence du maire de la dite commune. »
André est le fils de Lucien MASSON, patron cultivateur et d’Émilienne ADAM, cultivatrice, domiciliés rue de Châtres, à Presles-en-Brie.


Le 2 avril 1931, André à dix-sept ans, il habite chez ses parents. Il est ouvrier agricole de son père. Il a un frère, Raymond né en 1914 et une sœur, Lucienne, née en 1917. Cette dernière, âgée de quatorze ans est blanchisseuse chez monsieur Scola.

Recensement de population du 2 avril 1931 à Presles-en-Brie. Archives départementales de Seine-et-Marne – Cote 10M543

Carte postale ancienne – Centre bourg de Presles-en-Brie, la rue de Châtres se situe au bout de la rue – Archives départementales de Seine-et-Marne – Cote 2Fi20612
En 1933, André a 20 ans : il est appelé pour le service militaire.


Recensement militaire subdivision de Melun – Matricules n°2001 à 2500 (1933) – Archives départementales de Seine-et-Marne – Cote 1R 1630
Il porte le numéro matricule de recrutement 2020. Il est inscrit par le Conseil de révision sous le numéro 50 de la liste du canton de Tournan. Il est classé dans la première partie de la liste en 1934.
André est un jeune homme aux cheveux blonds et les yeux bleus. Son visage est ovale avec un front haut et un nez moyen. Il mesure 1m65. Il sait lire et écrire et a un degré d’instruction du niveau de primaire. Il a un permis de conduite de véhicule léger Il est cultivateur.
Il est affecté au 120e régiment d’artillerie lourde le 20 octobre 1934. Six mois plus tard, il est nommé brigadier puis brigadier chef le 15 août 1935.
Il est renvoyé provisoirement dans ses foyers le 12 octobre 1935, en attendant son passage dans la disponibilité trois jours après.
Le certificat de bonne conduite lui est accordé.
Il est alors affecté au 120e régiment d’artillerie lourde et nommé maréchal des logis (sous-officier de l’artillerie) dans le service à compter du 16 octobre 1935.
André se marie à l’âge de vingt-trois ans, le samedi 12 décembre 1936 avec Léone Louise Frémont, originaire du même village et qui a le même âge.
André fait une courte période d’exercice dans le 106e régiment d’artillerie du 18 mai au 1er juin 1937.
La fiche matricule nous renseigne également sur les localités successives habitées par suite de changement de domicile ou de résidence.
Le 21 août 1937, il est en résidence à Reuil-sur-Brêche chez monsieur Duguenel dans l’Oise près de Beauvais. Peut-être a-t-il dû se déplacer pour son travail.
En 1938, son premier fils naît.
Mais l’année suivante le 2 septembre 1939, André est rappelé à l’activité et affecté au 226e régiment d’artillerie. Il y arrive dès le lendemain.
Le 16 juin 1940, l’armée allemande fait une offensive sur le Rhin.
Le 18 juin 1940, après être passés par Mont de Laval et Bonnétage, les Allemands débordent la résistance des troupes françaises et arrivent aux abords de Maîche (dans le Doubs, à l’est de Besançon). Les Spahis (unités de cavalerie française de l’armée d’Afrique) et les soldats polonais luttent jusqu’à leur dernière cartouche permettant au gros de l’armée française de se réfugier en Suisse. La ville de Maîche fut déclarée ouverte et les allemands y entrèrent le 19 juin vers 05h00. Il y a eu 120 blessés français et 2000 prisonniers.
André MASSON est fait prisonnier à Maîche le 22 juin 1940 puis interné au Stalag VII A avec le matricule 43028. Il y reste cinq longues années.

Gallica-Centre national d’information sur les prisonniers de guerre – Liste officielle n°59 des prisonniers de guerre du 2 janvier 1941.
« L’Autorité Militaire Allemande fera tous ses efforts pour que les familles françaises soient renseignées rapidement sur le sort de leurs prisonniers. L’envoi de courrier et de colis est autorisé. L’adresse de chaque prisonnier est indiquée dans la liste à la suite de l’unité… Les visites aux prisonniers sont interdites » .
Les listes officielles des prisonniers français sont établies d’après les renseignements fournis par l’autorité militaire allemande : André Masson est mentionné dans la liste officielle numéro 59 du 2 janvier 1941.

Masson André, né le 7 janvier 1913 à Presles-en-Brie, Maréchal de logis, au 226ème régiment d’Artillerie divisionnaire, affecté au Camp Stalag VII A

Le Stalag VII A à Moosburg, au Nord-Est de Munich est l’un des plus grands camps de prisonniers de guerre du 3e Reich.

Photo du camp issue du Livret mémorial Stalag VII A, camp de prisonniers de guerre 1939-45 – Stalag Moosburg

« Le Stalag se présente sous l’aspect d’un vaste camp classique. Baraques en briques et en bois, blanchies à la chaux, aux toits recouverts de papier goudronné.
Alignées de chaque côté d’une allée centrale asphaltée, bordée de trottoirs, elles se détachent au milieu d’espaces agrémentés de massifs de fleurs, de pelouses et d’arbustes.
Des prisonniers architecte, paysagistes et jardiniers essayent de donner au camp une physionomie assez attrayante… »
Ministère de la guerre – Etat-Major de l’armée – 5e bureau -Documentation sur les camps de prisonniers de guerre
A partir de la fin septembre 1939, dès le commencement de la guerre, la Wehrmacht installe dans le nord de la ville le « camp de prisonnier A dans le district militaire VII »,en abrégé Stalag VII A. Le 19 octobre 1939, les premiers prisonniers arrivent de Pologne. Dans le camp prévu à l’origine pour 10 000 détenus, se trouvent en définitive à la fin de la guerre plus de 70000 soldats issus de nombreux pays. Au total, plus de 150 000 prisonniers de guerre sont enregistres dans le Stalag VII A.
Environ 1 000 prisonniers sont morts dans ce camp pendant les années de guerre. La plupart d’entre eux sont inhumés dans le cimetière de prisonniers de guerre Oberreit à la limite sud-ouest de Moosburg.
Le 29 avril 1945, des troupes américaines libèrent le Stalag. André rentre en France le 22 mai suivant et est démobilisé le lendemain par le centre démobilisateur de Paris. Sa fiche matricule mentionne un second métier : « encaisseur » (employé qui va à domicile encaisser des sommes), qu’André a peut-être exercé de retour d’Allemagne.
En septembre 1946, il est toujours en résidence à Presles-en-Brie. Un autre lieu de résidence est mentionné dans la fiche matricule en date du 17 avril 1951, dans la commune voisine ; Gretz, au 29 rue Arthur Papon.
La famille s’agrandit alors avec deux autres fils et une fille.
André Anatole MASSON décède le lundi 14 mai 1979, dans sa commune de naissance de Presles-en-Brie, à l’âge de soixante-six ans.

