
Mandres-les-Roses, une commune agricole
XI-XVIIème siècle Le défrichement des terres
La commune de Mandres-les-Roses est située au Sud-Est du Val-de-Marne, en limite des départements de l’Essonne et de Seine-et-Marne, sur le plateau Briard.

Sur le plateau à une altitude de 93 mètres, le sol est très fertile pour la culture des céréales et des légumes. Sur le coteau déversant sur la vallée de l’Yerres, le sol est argilo-calcaire. Sa bonne exposition Sud permet le développement des activités viticoles.

Pendant des millénaires, la plaine de Mandres n’est occupée que par l’habitat temporaire des bergers qui suivent, pendant l’été, les déplacements de leurs troupeaux au travers de la forêt humide de la Brie.
Au XIème siècle, une motte féodale fortifiée, appelée Les Tours grises, est construite.
Au XIIème et au XIIIème siècle des fermes, en nombre croissant, s’installent au fur et à mesure du défrichement.
Le village de Mandres apparaît au XIVème siècle, organisé autour des fermes seigneuriales, la Grande rue et ses cours perpendiculaires.
Le défrichement des dernières terres de l’espace agricole de Mandres ne se termine qu’au début du XVIème. De nombreux vignerons commencent à cultiver le coteau bien exposé.
XVIIIème siècle – Vignobles et chasse

À partir de 1730, Mandres acquiert une relative prospérité. La vente du vin sur le marché parisien assure des revenus réguliers à la dizaine de vignerons qui exploitent 3 ou 4 arpents (1 à 2 hectares).
Vers 1765, des pépinières s’installent pour la culture des rosiers, convertissant progressivement les terres à vigne.
La tranquillité du village est perturbée quelques années plus tard par Monsieur, Frère du Roi Louis XVI qui en 1774 devient propriétaire du fief des Tours Grises. Marquis de Brunoy, il constitue, dès 1776, sur ses terres de Mandres, une réserve de chasse, avec la reproduction du gibier.
A la révolution les vignerons se plaignent dans leur cahier des doléances surtout des abus du droit de chasse du Marquis. Faisans, perdreaux, lièvres et pigeons dévastent les récoltes. Les gardes de Monsieur piétinent toute l’année, vignes et labours.
La vente des biens nationaux dès 1790 permet aux vignerons de posséder les terres que leur famille cultivait parfois depuis le XVème siècle.
XIXème siècle – Vignerons et rosiéristes
En 1810, les roseraies couvrent 4 hectares de terres à Mandres. De nombreux jardiniers travaillent dans les demeures cossues du val d’Yerres, rue des Vallées.

Source 1 – Mandres-les-Roses – Cadastre de 1811, Tableau d’assemblage – Archives départementales du Val-de-Marne – Cote 3P 1173
Dans la section D de la côte du parcellaire de 1811, on peut voir un découpage en lanière du parcellaire.

Source 2 – Mandres-les-Roses – Cadastre de 1811, section D de la Côte – Archives départementales du Val-de-Marne – Cote 3P 1184
Les sous-sections portent des noms évocateurs de la vigne : Vinots, Enclos des fosses Pot de vin, Fort des Vinots,…
Dans le secteur étrangement appelé le Paradis-en-Fer, seules trois maisons sont construites en 1811, sur le chemin menant de Mandres à Brunoy. La consultation de l’état des sections du cadastre permet d’en connaître les propriétaires : deux maisons appartiennent à la famille Delaroche et une à la famille Villemere ou Villemaire.
Elles sont aussi propriétaires de parcelles de jardin, terres labourables et vignes.

Source 3 – Informations issues de l’Etat des sections 1810-1811 -Archives départementales du Val-de-Marne – Cote 3P 379
Exemple des familles Delaroche et Deville, tous vignerons.

Source 4 – Archives départementales du Val-de-Marne – Matrice cadastrale – Table alphabétique des propriétaires -1812-1822 – Cote 3P 380
Le 14 avril 1817 la population de Mandres est de 588 personnes pour 154 foyers.
166 hommes sont actifs suivant la répartition des métiers ci-dessous :

On constate que l’activité en ce début du XIXème siècle est encore essentiellement viticole. Trois pépiniéristes dont un père et son fils se nommant tous deux Jean-Baptiste Lambry et Victor Berne sont installés sur la commune. On retrouve les pépinières sur la plateau au centre bourg.

Source 5 – Mandres-les-Roses – Cadastre de 1811, section C du village – Archives départementales du Val-de-Marne – Cote 3P 1177
Le village de Mandres se développe le long des voies d’accès aux communes voisines, laissant la place à de grands espaces agricoles.

Source 6 – IGN – Carte de l’état-major 1820-1866
Le village de Mandres se développe le long des voies d’accès aux communes voisines, laissant la place à de grands espaces agricoles.
Après 1850, le demande en fleurs coupées encourage la culture de la rose en plein champ.
En 1875, les vignobles infestés par le phylloxéra ont du être détruits.
De petites exploitations se spécialisent dans diverses cultures. Leur commerce est facilité par l’ouverture de la ligne de chemin de fer Paris-Bastille – Marles-en-Brie et la construction de la gare de Mandres en 1876. Ce train est appelé le « train des roses » . Les roses étaient transportées chaque jour jusqu’aux halles de Paris, où elles étaient vendues.

Source 7 – Gare de Mandres – Train des roses – CPRAMA
Fin XIXème, les terres sont divisées en plus de deux mille petites parcelles possédées par des propriétaires cultivateurs et rosiéristes.
En plaine, on cultive les céréales ; blé, seigle et avoine, les plantes potagères : betteraves, pommes de terre, et fruits.

Source 8 : Archives départementales du Val-de-Marne Monographie de l’instituteur 20 septembre 1899 – Répartition des cultures (Hectares)

Source 9 – Archives départementales du Val-de-Marne– Ferme de Monsieur – Cote 2Fi047
Sur la côte, la vigne devenue rare depuis de nombre d’années à cause des gelées ou des maladies a été remplacée peu à peu par la culture plus rémunératrice des rosiers, des légumes et des arbres fruitiers qui alimentent les marchés de Charenton et de Paris.
A Mandres, la culture des roses prospère on devient rosiéristes de père en fils. Ils greffent annuellement des églantiers de Bourgogne.
XXème siècle – Fleurs et maraîchages
En 1913, quinze rosiéristes, descendants des vignerons, se consacrent à la production des fleurs coupées qui nécessite une nombreuse main-d’œuvre.
Quatorze agriculteurs cultivent de plus en plus les légumes de plein champ vendus directement sur les marchés de la proche banlieue de Paris.
Deux nourrisseurs élèvent les vaches pour le lait.
Pendant la première guerre mondiale, pour remplacer la génération sacrifiée sur les champs de bataille, les rosiéristes embauchent des ouvriers agricoles en Bretagne.

Source 10 – Carte postale – Champ de rosiers – Cueillette des roses
Après 1920, les rosiéristes font construire des serres vitrées et chauffées qui permettent d’obtenir des fleurs pendant quatre à cinq mois au lieu de deux ou trois en plein champ.
Le fermier adopte le machiniste et recrute pendant les périodes de pointe du calendrier agricole, des équipes de Belges et de Polonais.
Ces travailleurs saisonniers se fixent à Mandres avec leur famille à partir de 1925.
Le transport routier remplace peu à peu le train pour le transport des marchandises.

Source 11 – Archives départementales du Val-de-Marne – Transport routier des marchandises – Cote 2Fi047
En 1939, quinze rosiéristes utilisent dès 1927 les méthodes américaines de la culture des roses sous serres. Les neuf agriculteurs ont pratiquement abandonné la culture du blé, au profit du maraîchage.
En 1958, la commune de Mandres devient Mandres-les-Roses, mettant à l’honneur le travail de plusieurs générations de rosiéristes, horticulteurs, pépiniéristes, jardiniers.
Mandres comptait, en 1962, vingt-quatre rosiéristes et dix maraîchers.
Mandres-les-roses – Cultures intensives sous serres

Source 12 – Photothèque de la préfecture du Val-de-Marne – 1967-1976
La stabilité de la culture intensive de roses est compromise pour deux raisons. La première à cause du choc pétrolier qui augmente considérablement le coût de fonctionnement des serres. La seconde par la concurrence de la Hollande et des pays méditerranéens. Une dizaine d’exploitations disparaissent entre 1965 et 1980.
L’accroissement de la population en périphérie de l’agglomération parisienne devient important à partir de 1946. Les champs disparaissent petit à petit au profit des programmes de constructions pavillonnaires.
XXIème siècle – Maintien des productions agricoles
De nos jours, la population est d’environ 5000 habitants pour 1000 habitants environ en 1946.
Même s’il reste moins d’une dizaine d’exploitations agricoles, le territoire de la commune est encore majoritairement rural. Cinq horticulteurs maintiennent la tradition de la culture des roses.
De nombreuse exploitations agricoles existent encore :
- Le domaine de Roseval, pépinière départementale Plaine centrale : véritable centre de recherche et de collections végétales, la pépinière départementale du Val-de-Marne est une réserve de plus de 8 hectares où poussent près de 10 000 arbres et arbustes
- La ferme Bio du Plateau Briard : élevage de volailles bio dans un environnement boisé et calme d’une superficie est d’un peu plus de 4,5 hectare.
- Une association, les jardins de Thélème, produit des légumes biologiques et les vend en AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne).
- Installée dans l’ancienne gare de Mandres, une ferme éducative ouverte aux groupes scolaires pratique sur 30 hectares l’élevage et la culture des céréales.

Source 13 – Carte IGN – Umap – Commune de Mandres-les-Roses
La ferme de Monsieur est inscrite à l’inventaire des monuments historiques pour son architecture typique des fermes briardes.
Autres sources
Site de la ville de Mandres : https://www.mandreslesroses.fr/ma-ville/historique
CLIO 94 Bulletin du comité de liaison des sociétés d’histoire et d’archéologie du Val-de-Marne – N°33 – 2015 – Les rosiéristes de Mandres, Jean-Pierre NICOL


6 commentaires
Benoist
Felicitations Veronique,
C est avec toi que j aurais du travalller a la refonte du site de la sahavy.
L histoire de k education m a touche…dans mes origines..sarthoises !
Au plaisir.
Xavier
Vaveneau
Merci Xavier
Thierry Viviant
Histoire, paysage et horticulture forment un ensemble …
Ces recherches me font réver …
Vaveneau
Tu aurais un beau sujet du côté de chez vous!;-)
Charles-Emmanuel SIGNE
Merci Véronique pour cet aperçu de l’histoire des terres de Mandres à travers les siècles.
Vaveneau
Cette commune, limitrophe à la mienne a gardé un caractère rural, je suis contente d’avoir pu partager son histoire au travers de ce blog. Merci pour ton message.