La crue de la Seine en 1910

La Seine à Villeneuve-Saint-Georges

Cette commune du Val-de-Marne est située au Sud-Est de Paris. Elle s’est développée à la confluence de la rivière de l’Yerres et du fleuve de la Seine. Si bien qu’elle a été très impactée par la crue de la Seine en 1910.

Les voies navigables ont, de tous temps, été propices à l’implantation humaine. Des traces d’une occupation du néolithique ont été en effet découvertes à Villeneuve-Saint-Georges.

Les vignobles sont renommés à l’époque Gallo-romaine à Villeneuve (Villa nova), favorisés par l’orientation de ses coteaux. Elle est idéalement située sur la voie reliant Lutèce (Paris) à Sens…

La proximité de Paris et sa situation idéale, le long de la Seine, sur la route menant à la forêt de Sénart, en font un important lieu de passage et de villégiature de rois, de ministres, de savants, d’artistes, d’hommes et de femmes de lettres. Ils y font construire de belles résidences. Les voyageurs s’arrêtent dans les auberges qui longent la route de Paris. Le bâtiment actuel de la mairie est le dernier d’un ensemble qui abritait « les écuries du Roy », permettant aux monarques de changer de cheval ou d’attelage sur le chemin de la chasse.

De 1789 à 1901, Villeneuve passe de 1 400 à 8 000 habitants. L’installation d’usines, la création des sablières, l’arrivée du chemin de fer et la création de la route nationale 6 bouleversent le paysage du territoire villeneuvois.

Si bien qu’en 1910, Villeneuve-Saint-Georges est en pleine activité en raison de la multiplication axes de communication : la Seine, la voie de chemin de fer, la voie routière, favorisant le commerce.

Les inondations

Crue de la Seine avant 1910

La partie basse de la ville à proximité immédiate de la Seine a été souvent submergée lors des crues de la Seine. Les plus anciennes inondations connues sont celles de 1407, 1427, 1496, 1649, et 1658. On cite également dans les textes anciens les inondations de 1740, 1799, 1802, 1816.

Crue de la Seine du 20 au 28 janvier 1910

Le 20  janvier 1910, Villeneuve-Saint-Georges subit une grande inondation, si bien que l’on circule en bateau dans les rues.

Le 22 janvier au matin, l’eau envahit la gare ; le lendemain elle s’étale sur la place de la gare. Les boulangeries sont successivement inondées. On ne peut plus faire du pain, car les fours ne fonctionnent plus. Etant donné la force du courant, les secours ne peuvent arriver par la Seine. C’est un moment de grande anxiété.

L’organisation des secours

Les  zouaves du fort de Villeneuve-Saint-Georges et des pontonniers de l’armée, venus en hâte avec leurs bateaux plats, assurent le ravitaillement et les secours dans la ville.

Dans la mairie, c’est un va-et-vient incessant d’habitants venant réclamer du secours. Installé en permanence dans son bureau, le Maire, monsieur Hemmerschmitt, se tient jour et nuit avec les officiers, à portée du téléphone, demandant et recevant des instructions et transmettant les ordres.

Les sinistrés chassés de leur demeure se refugient dans les écoles. La cantine scolaire est transformée en réfectoire et les classes en dortoir.

Le fleuve met six semaines à rentrer dans son lit, laissant partout un limon vaseux et putride, qui aurait sûrement amené des épidémies, si de sévères mesures d’hygiène et de préservation n’avaient été prises.

La solidarité

Grâce aux démarches du maire, la ville obtient des secours gouvernementaux. Ils ont permis de donner des secours et des indemnités aux inondés et aux chômeurs forcés. Des commissions ont été nommées pour évaluer les dégâts de toutes sortes. Toute distinction politique ou religieuse est écartée avec grand soin. Un grand élan de solidarité réunit la population.

Les relevés de hauteur maximales d’eau

Le 28 janvier, la crue de la Seine atteint son maximum de hauteur. Les niveaux au-dessus des trottoirs sont relevés à différents endroits de la ville :

Villeneuve-Saint-Georges a de nouveau subi d’importantes crues de la Seine et de l’Yerres en juin 2016 et janvier 2018, provoquant d’importants dégâts et nécessitant de nombreuses opérations d’évacuation. Plus récemment en avril 2024, des habitants ont été évacués en raison des inondations.

Articles de presse sur la crue de 1910 à Villeneuve-Saint-Georges

Le Petit Temps – 4 février 1910

« Les Inondations

C’est dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 janvier mie les voies de la Compagnie P.-L.-M. ont été coupées entre Maisons-Alfort et Villeneuve-Saint-Georges, en dépit des efforts et du dévouement du personnel. Dès que la décrue a commencé à se faire sentir d’une façon appréciable, c’est-à-dire depuis dimanche, huit cents hommes ont travaillé sans relâche pour réparer les dégâts et assurer le rétablissement des communications. »

Le Figaro – 26 janvier 1910

« …La gare de Villeneuve-Saint-Georges, assaillie par l’eau, est devenue une île inaccessible. De la portière (du train), on voit les maisons debout le long de rivières qui sont les rues. Un lourd silence enveloppe cette désolation. Les volets sont clos : les habitants de ces demeures, où sont-ils? On dirait d’une Bruges ou d’une Venise que la mort viendrait de saisir.

Au bout de la ville, la voie longe une vaste propriété, qui, sans doute fut belle. Elle contenait de grands arbres, qui peut-être faisaient des couronnes à des pelouses fleuries. Un lac immobile a posé sur tout cela sa glace jaune. Au ras de l’eau, apparaissent les piques de fer d’une grille, les deux montants de pierre d’une porte, le chapeau pointu d’un kiosque de jardin, deux balustrades de bois naturel qui indiquent la place d’un pont rustique : c’est tout ce qui reste d’un domaine que l’on se plut à parer. Le château est morne, et la voûte de son porche semble maintenant, au-dessus de l’eau glauque, l’arche d’un pont. »

Paris et sa banlieue ont été très impactés par cette crue, comme en témoigne cette vidéo disponible su Retronews.

Sources :

Histoire de Villeneuve-Saint-Georges par H.-V. DANDRIEUX et Mme A. DANDRIEUX – Imprimerie « L’union typographique » 1919

Site de la ville de Villeneuve-Saint-Georges

Cartes postales anciennes : collection personnelle

Articles de presse : Retronews